Comment bien consommer local ?
Consommer local, une volonté partagée
En 2021, l’orientation des français vers des modes de consommation différents n’est plus perçue comme un phénomène de mode. Elle n’est plus réservée à une tranche privilégiée de la population. Preuve en est la communication actuelle des chaînes de grande distribution qui se sont massivement emparées du sujet. L’attention portée sur les petits commerces et les questions de relocalisation n’ont fait que renforcer ce phénomène. Mais pour que consommer local soit vraiment une démarche vertueuse, il faut bien en comprendre les enjeux et les acteurs.
Quand considère-t-on un produit comme un produit local ?
Il est difficile de donner une définition nette et précise de la notion de produit local. Cette définition est sujette aux habitudes de consommation de chacun ainsi qu’à des enjeux différents selon les produits. Ainsi pour certains, ou selon les produits, l’échelle européenne est déjà, dans un monde globalisé, une échelle locale. D’autres feront prévaloir l’échelle nationale. Pour d’autres, même l’échelle régionale sera trop vaste. Certains experts placent des limites géographiques. Là encore les visions varient: 500 km pour certains, 150 km pour d’autres. Un facteur commun semble malgré tout faire consensus: la priorité au circuit court. Considérer comme local le lieu de production le plus proche garantissant un circuit court pour un produit paraît judicieux. Mais proximité géographique et réduction du circuit commercial sont-ils les seuls garants d’une démarche vertueuse de consommation locale ?
Les vertues d’un mode de consommation local
Consommer local n’est pas suffisant (si on s’en tient au facteur géographique stricto-sensus). Cependant cette démarche représente dores et déjà un moyen efficace pour effectuer une transition vertueuse de sa consommation.
Un bénéfice environnemental réel et durable à consommer local
Un produit local est par définition un produit qui voyage moins. Son impact transport est donc fortement réduit. Ce transport ne représente cependant que moins de 20% de l’impact environnemental d’un produit agricole. Cette réduction, essentielle, n’est donc pas la plus significative. C’est du côté du mode de production que se situe l’enjeu environnemental majeur. Consommer local c’est souvent faire appel à des structures de production de petite taille. Ces structures sont en mesure de mettre en place des démarches durables et souvent en ligne avec les standards de l’agriculture biologique. A ce point s’ajoute très souvent une optimisation de l’emballage si ce n’est une offre vrac. Consommer local est donc un acte majeur dans la préservation du terroir et la garantie de sa durabilité.
Un soutien essentiel à l’économie locale
Il n’y a pas que la terre qui bénéficie de l’essor de la consommation locale. Celle-ci permet l’activité de milliers de petites exploitations attachées à la qualité de leur travail. La juste rémunération des produits est la clé de voûte d’un circuit gagnant pour le producteur comme pour le consommateur. Elle contribue ainsi à la pérennité du tissu économique et de l’emploi dans toutes les régions.
Le local, un mode de consommation bénéfique pour la santé
L’impact de l’alimentation sur notre santé est un critère omniprésent dans l’esprit de nombre de consommateurs. Consommer local, c’est accéder à des produits de saison, moins transportés et moins transformés. La production à petite échelle permet la mise en place de démarches raisonnées et biologiques. La qualité nutritionnelle des aliments et la moindre présence, voire l’absence, d’intrants chimiques permettent une alimentation plus saine.
Un moyen unique de redécouvrir des produits locaux et leurs saveurs
Consommer local, c’est consommer proche dans l’espace comme dans le temps. Produits très frais, peu transportés et souvent produits dans une démarche durable garantissent d’obtenir le meilleur du goût et des saveurs dans l’assiette. C’est aussi souvent l’occasion de découvrir ou redécouvrir des produits traditionnels remis au goût du jour par les petits producteurs toujours attachés à leur terroir.
Une expérience de consommation locale plus authentique
Consommer local c’est donc s’intéresser de près aux produits que l’on va mettre dans son assiette. C’est se renseigner sur la manière dont ils sont produits et commercialisés. De cet intérêt spontané découle un acte d’achat plus actif entraînant des échanges approfondis avec les producteurs et commerçants. Faire ses courses devient alors également un moment d’échange social enrichissant nos connaissances et la conscience de notre consommation.
Consommer local, une démarche de compromis et d’engagement
L’optimisation de ces bénéfices demande une adaptation de son mode de consommation.
Une adaptation nécessaire à la disponibilité des produits locaux
Consommer local, c’est avant tout s’appuyer sur des petits producteurs régionaux. Ceci implique des capacités de production limitées en quantité. La disponibilité saisonnière, voire l’indisponibilité, de certains produits caractérisent ce choix de consommation. Le consommateur doit donc s’adapter à cette disponibilité. Il doit aussi accepter d’acheter un même produit venant de producteurs différents selon les disponibilités auprès de son commerce. C’est là qu’entre notamment en jeu la relation d’échange et de confiance avec le commerçant.
Un facteur prix des produits locaux à prendre en compte
Il serait trop rapide d’acter que consommer local est plus cher. De la même manière, il serait trop rapide d’affirmer le contraire. Pour certains produits, le circuit court permet une commercialisation en dessous du prix de la grande distribution. Pour d’autres les coûts de production à l’échelle artisanale imposent un prix égal ou supérieur au prix de supermarché. Il faut donc envisager son budget alimentation dans son ensemble. Certains produits seront plus chers et il faudra peut-être adopter pour ceux-ci le “consommer moins pour consommer mieux”.
Des vertus environnementales qui peuvent être optimisées
“Mieux vaut acheter une tomate qui a traversé l’Europe, qu’une tomate produite hors-sol sous des serres près de chez vous.” C’est vrai. Le transport, nous l’avons dit, ne représente qu’environ 20% de l’impact environnemental d’un produit agricole. Mais cela n’est vrai que lorsqu’on souhaite acheter des tomates en hiver. Cela peut être vrai aussi pour la production de certains produits ne poussant pas “naturellement” près du lieu de consommation. Pour ces produits il en revient donc au consommateur d’adapter ou non ses habitudes et de favoriser les circuits les plus directs possibles.
La sélection de produits bios est également un choix significatif dans l’impact environnemental de la production des produits.
Enfin, si les produits sont moins transportés, consommer local peut amener le consommateur à multiplier les déplacements auprès des producteurs. Le gain environnemental côté transport peut s’en trouver réduit. Heureusement il existe aujourd’hui dans les grandes villes, mais aussi de plus en plus dans les villes moyennes et les villages, des commerces de proximité rassemblant une offre locale et en circuit court de produits alimentaires comme de produits cosmétiques, d’hygiène et d’entretien. Les places de marché et les épiceries en ligne représentent également une opportunité d’optimiser l’impact transport tout en maintenant une consommation locale.
Consommer local, un vrai choix de consommation active
Consommer local est de plus en plus répandu et devient de plus en plus simple avec la multiplication de commerces de proximité et d’offres en ligne qui permettent au consommateur de s’orienter vers une consommation et une alimentation saine et de qualité, vertueuse pour l’environnement comme pour l’économie locale. S’il ne peut être que positif dans son ensemble par rapport au recours à la grande distribution, le choix du local demande certains compromis. Il prend tout son sens lorsqu’il s’inscrit dans une démarche globale d’attention aux produits consommés.